Alcools

Alcools par Guillaume Apollinaire

• Alcools est un recueil de pomes de Guillaume Apollinaire, paru en 1913.Ce recueil, qu'Apollinaire mit 15 ans laborer, annonce la qute de modernit, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la posie de l'auteur. Alcools est un recueil pluriel, polyphonique, qui explore de nombreux aspects de la posie, allant de l'lgie au vers libre, mlangeant le quotidien aux paysages rhnans dans une posie qui se veut exprimentale, alliant une presque perfection formelle et une grande beaut un hermtisme, un art du choc, de l'lectrochoc, qui valut Apollinaire d'tre qualifi de mystificateur.
• Alcools montre le pote dchir par ses ruptures amoureuses (avec Annie Playden, avec Marie Laurencin), ruptures qui rsonnent au travers de pomes tels que Mai, Les Colchiques et, surtout, La Chanson du mal-aim.Apollinaire abolit la temporalit interne (classique mise en vigueur par Ronsard) au sein de ses pomes, le pass, le prsent, le futur se mlent en un seul et mme univers de vin et d'ivresse. Le pote distille aussi l'espace, en mettant en scne l'univers de son enfance.
• Il modifie la perception potique classique du temps et de l'espace : La Chanson du mal-aim, Zone. Il se distingue comme le dieu pote en tablissant une cosmogonie personnelle. Il rcrit les mythes fondateurs avec Orphe. Il se rclame d'Apollon. Mais il rinvente aussi la forme potique dans son style : il dtruit la conception classique syntaxique de Ronsard. Il est le prcurseur du surralisme, il consacre une nouvelle posie d'ivresse et de mythes.C'est aprs avoir assist une lecture par Blaise Cendrars de sa future publication, La Prose du Transsibrien et de la petite Jehanne de France, qu'Apollinaire aurait dcid de transformer son tour son futur recueil.
• Il y plaa Zone en ouverture, ce qui lui donna valeur de manifeste, et supprima toute trace de ponctuation, s'inspirant de l'innovation de Cendrars. Alcools ayant t publi avant la Prose du Transsibrien, on attribue souvent tort la primeur de la suppression de la ponctuation Apollinaire. Selon lui, en posie, le rythme du vers et de la respiration suffisent. Au-del de cette considration, cette suppression lui permit de faire natre des images indites en rapprochant certains termes comme par accident.
• On pense par exemple au vers de Zone : Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants o, dans une premire lecture, cause de l'utilisation transitive du verbe croire , l'absence de ponctuation conduit lire le verbe prier comme tant lui aussi transitif, les femmes apparaissant alors comme complment d'objet direct du verbe. Ce procd cre galement des ambiguts de sens, enrichissant les lectures possibles.