Canons de lgende, Picardie 1918

Dans les premires semaines de la guerre la presse parla abondamment de l'utilisation par les Allemands d'une pice d'artillerie fantastique - un obusier d'un calibre de 42 cm - capable de dtruire n'importe quelle fortification. Cet norme obusier, les ouvriers de l'usine d'Essen qui l'avaient fabriqu, le baptisrent Bertha en hommage leur patronne Bertha Krupp. Mais bientt Bertha se tut car elle tait inadapte la nouvelle forme de guerre, la guerre de tranches. Cependant son nom s'tait, en quelque sorte, grav durablement dans les mmoires franaises. Et, lorsque la fin de 1915, de gros obus vinrent meurtrir Compigne et Villers-Cotterts, les populations de ces villes, attriburent ces tirs Bertha. Or, ce n'tait pas Bertha qui tirait, c'tait Max, le long Max (Lange Max). Bien abrit loin derrire la ligne de front et pouvant propulser son obus 20 km au-del de celle-ci, Max n'tait en rien comparable l'obusier dont la porte tait infrieure dix kilomtres.
D'autres Max furent installs par la suite dont celui de Chuignes en 1918 . Et puis il y eut aussi, bien sr, le canon qui tirait sur Paris (Pariser kanone); et, pour les Parisiens, un canon capable de tirer une telle distance ne pouvait tre qu'une Bertha, mme une Grosse Bertha! que les caricaturistes reprsentrent sous l'aspect d'une femme ncessairement grosse et moche puisqu'elle tait boche.
La plupart des Franais ignorrent toujours que ces canons puissants taient des canons de marine adapts une utilisation terrestre. Comment imaginer des canons de marine cent kilomtres ou plus des ctes, au milieu de terres bl et betterave ? On continua de les appeler Bertha et un sicle plus tard le nom demeure toujours vivace. Mme les Australiens se mirent nommer ainsi les gros canons qu'ils avaient capturs, distinguant cependant Big Bertha et Little Bertha.
La lecture de cet ouvrage ne fera certainement pas disparatre le nom impropre de Bertha, trop bien ancr dans la mmo