La chouannerie en pays gallo

M. de la Nougaret, qui avait pris pour nom de guerre Achille le Brun, s'empara un jour, prs de Saint-Jean-sur-Vilaine, d'un convoi rpublicain qui transportait 500.000 francs en pices d'argent nouvellement frappes. L'escorte s'tait enfuie au premier coup de feu.

Une autre fois, Achille et ses hommes cernrent un dtachement d'environ 100 hommes de troupe de ligne qui escortait une voiture publique. Les soldats, commands par un sergent, venaient d'tre lev et annexs un rgiment. Comme ils n'avaient jamais appris le maniement des armes, les malheureux n'essayrent mme pas de se dfendre, et mirent bas les armes.

Aprs s'tre empar de tout ce que contenait la voiture, Achille le Brun fit servir boire et manger aux soldats de la rpublique. Il les garda jusqu'au soir trinquer avec les paysans. Au soir, quand ils furent parfaitement ivres il les libra; et les vaillants soldats de l'escorte rentrrent Vitr en se tenant deux deux par le bras, chantant et criant que les royalistes taient de bons enfants. Il y eut peu d'vnements joyeux pendant ces horribles annes o la guillotine gouvernait le pays.

Adolphe Orain les a nots en rcoltant les informations et les tmoignages les plus divers et les plus tonnants sur cette trop longue guerre civile. On en retiendra finalement la morale tire par un royaliste qui avait assig un rpublicain et qui, le rencontrant quinze ans plus tard dans la rue, lui tendit la main avec ce propos: Oublions, Monsieur, les cruelles annes et ne nous souvenons que des instants o nous avons pu nous traiter en Franais.