La derniere lecon de Leonard de Vinci

Raphal ne savait que la peinture, et le Cenacolo ne demande pas plus de science que l'cole d'Athnes. Cette transcendantale curiosit, ce prurit de recherches en tous sens, cette dispersion de l'activit, ce don juanisme de la connaissance qui descend jusqu'aux mtiers, reprsentent le ct passionnel du Vinc i; littralement, sa dbauche. Il choisit pour matresse la grande Isis et il voulut baiser les innombrables toiles de son indchirable voile. La postrit blouie et presque hallucine devant ce gnie prismatique s'est mise draisonner.

Un Allemand a fait mahomtan le peintre du Cenacolo; un autre, malgr son testament et les tmoignages, le rclame comme libre penseur ! On demande compte au Vinci d'avoir servi un Sforza, un Borgia, des sclrats; d'avoir manqu de patriotisme, ftant l'envahisseur et mme de n'avoir pas crit des phrases mues la mort de son pre; on admire surtout l'ingnieur, l'inventeur!

La pauvre affaire de suivre Vegce ou de prcder Vauban, quand d'un trait de crayon on fait descendre le ciel sur la terre. Ce que Lonard a dcouvert dans les sciences a t retrouv aprs lui: ce qu'il a dessin ne sera jamais gal. L'Humanit lui doit de pouvoir contempler le mystre sous des traits humains, et de possder une centaine de ttes que nul n'avait vues, car elles n'existent qu'au paradis. (Josphin Pladan)