Le salut par les juifs

Edition originale non censure. La grande affaire de Bloy est d'tre le contempteur d'un monde, d'un sicle, d'une humanit mme, dont il se sent et se veut le banni - "je souffre une violence infinie et les colres qui sortent de moi ne sont que des chos, singulirement affaiblis, d'une Imprcation suprieure que j'ai l'tonnante disgrce de rpercuter", met-il dans la bouche de Can Marchenoir. L'horreur que lui inspire la dchance du Christ dans l'Eglise, dont il exhausse un anticlricalisme ravageur, la honte o il tient tout ce qui peut s'apparenter la moindre compromission avec la socit de son temps, l'effroyable mlancolie o le plonge cette intuition que les humains ne trouveront jamais leur bon plaisir que dans le reniement d'un Idal et dans la consommation de la jouissance, sans l'once d'un souci de justice sociale et spirituelle ("je suis en communion d'impatience avec tous les rvolts, tous les dus, tous les inexaucs, tous les damns de ce monde"), font de lui un de ces tres inapaisables, tarauds par la douleur de vivre et la souffrance d'tre. Son gnie aura peut-tre t de donner cet apocalyptisme une forme de sublimit, une expression qui doit autant son mysticisme qu'au ralisme le plus cru.