Les Rcits d'Adrien Zograffi

Figure assez connue de la littrature de l'entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs dcennies ; son oeuvre est interdite en France durant la guerre et en Roumanie durant le rgime communiste. Rattrap par la misre, malade et seul, il tente de se suicider Nice en janvier 1921. Il est sauv et on trouve sur lui une lettre non envoye qu'il avait crite Romain Rolland. Celui-ci en est averti et lui rpond promptement en l'encourageant dans sa dmarche d'crivain. Durant des sjours en Union Sovitique, il devine, derrire l'accueil rserv aux htes trangers, la ralit de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'criture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, ouvrage cocrit avec Boris Souvarine et Victor Serge dans lequel, il dnonce sans concession l'arbitraire du rgime sovitique.

Selon Louis Janover, Istrati dcrit l'exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prte tout pour dfendre ses privilges . L'ouvrage, contient la fameuse rplique d'Istrati l'un des leitmotifs de l'argumentaire communiste ( on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ), savoir : Je vois bien les oeufs casss, mais o donc est l'omelette ? Extrait : Il voulut rpondre, mais elle le quitta. Clou sur place, Adrien la suivait du regard ; elle allait droit devant elle, tout droit, comme sa vie avait t droite, simple, douloureuse ; quant au seul cart dont elle s'tait rendue coupable, elle ne le regrettait pas, encore qu'il lui cott cher. Avec son cachemire sur la tte, sa blouse en tissu bon march, son mouchoir la main droite, elle soulevait lgrement de sa main gauche la jupe trop longue qui ramassait la poussire, et elle tenait les yeux fixs devant ses pieds, comme si elle et cherch quelque chose -- quelque chose qu'elle n'avait pas encore perdu, quelque chose qu'elle tait en train de perdre.