Libellus

Prodigieux pote que tout inspirait, Catulle dbarrassa la posie latine des archasmes et des durets de la vieille mtrique, en prenant pour modle les Grecs Archiloque, Hipponax, Simonide, Sappho et les matres hellnistiques: Callimaque et Thocrite.

Sa sensibilit lui fait chanter des pithalames et des lgies (ses amours, sa ville natale, Vrone, sa villa de Sirmio, la mort de son frre); on doit son intelligence et la hauteur de son point de vue les satires les plus violentes (contre Csar, et contre des voleurs) et les plus ordurires peut-tre, qui aient jamais t composes.

Dans tous les registres, ses vers sont un modle de perfection formelle et de puret, et rvlent un mtier remarquable, au service d'une exigence de sincrit absolue. Ce qui lui vaut une place unique dans le Panthon des lettres latines, c'est la clbration de la passion qu'il vcut avec celle qu'il appela Lesbie et qui se nommait en vrit Claudia.

Une passion qui connut ses heures d'apoge (pomes II, V, VII et LI sur l'oiseau favori de Lesbie, sur le dnombrement des baisers), ses jalousies (J'aime et je hais...), ses ruptures (Miser Catulle) et ses rconciliations (pome CVII) puis le ddain (pomes LXVII, LXV).

O Catulle se singularise, c'est qu'il est le premier des potes latins - ou le premier pote celte d'expression latine (?) - qui accorde une me cet trange objet de la passion qu'on appelle une femme.

Caius Valrius Catullus naquit Vrone en 82 avant notre re, dans une famille noble de la Gaule Cisalpine. Du sang celte coulait dans ses veines. Son nom, issu du gaulois catu- (combat, bataille) signifie sans doute le petit batailleur. Il mourut en 52, il avait trente ans.