Lucidit du corps

Du fait de son impulsion transcendantale, l'analyse husserlienne du corps vivant et vcu entendu comme corps charnel a t congdie par maints phnomnologues et par la plupart des exgtes de Husserl au titre de sa soi-disante incapacit rendre compte partir de l de la relation intime et quotidienne que nous entretenons avec nous-mmes et avec les autres. A rebours de cette thse largement rpandue, je souhaite montrer combien la phnomnologie husserlienne contient en elle des ressources descriptive mconnues, qui librent l'espace d'un compte rendu dtaill de notre exprience corporelle et charnelle, tout aussi bien individuelle que communautaire, et ce, son niveau transcendantal rigoureux. Le propos de Lucidit du corps rside ds lors dans la confrontation entre une telle analyse et les descriptions rcentes des diffrentes dimensions du corps telles qu'elles se dploient de plus en plus dans les champs empiriques rcents (neurobiologie mergente, thologie, psychologie de l'enfant, psychopathologie, sociologie comprhensive et ethnologie), ce qui permet d'ouvrir la voie une analyse renouvele de notre chair en tant que dote de ludicit plutt que comme greve d'opacit passive. A la diffrence de Merleau-Ponty, de P. Ricoeur et de J. Derrida, je maintiens fermement la contrainte transcendantale de l'exprience phnomnologique de la chair, mais, contrairement une version de la transcendantalit formelle inspire par l'hritage kantien, je revendique la possibilit d'un empirisme transcendantal titre de cadre philosophique pour la dmarche phnomnologique.