Monique Lise Cohen

Un murmure infini...

Vous tes-vous aventurs, un soir, lors des anciennes sances de nuit, vers les rayonnages de la Bibliothque municipale de Toulouse (rue de Prigord) ?
On y entend un murmure infini, le bruissement des paroles des livres entre eux. Certains souffrent et se plaignent d'une trop longue fermeture, de l'absence d'un lecteur attentif ou d'une lectrice bienveillante (car la vie des livres est dans l'oeil et la main du lecteur).
D'autres parlent des relations des personnels de la Bibliothque dont ils sont les tmoins au fil des jours et des annes.
Ils ont vu et entendu des choses humaines multiples et tonnantes, pendant des centaines d'annes. Ils paraissent plutt apaiss et reconnaissants pour ces derniers temps. Ils avaient connu des choses bien plus droutantes, jadis...
Ce sont les premires sensations que nous recueillons au sein du murmure incessant. Comme une plainte, un appel fragile, une invitation pour notre regard et notre coute. Dans l'motion et le recueillement, d'autres paroles viennent nous, si nous voulons y prendre garde.
Il nous faut alors entrer dans le silence des livres et laisser rsonner la voix qui vient du papier. Elle traverse l'paisseur des reliures et vient buter lgrement sur le mtal des rayonnages.
Le murmure s'est chang en une voix muette qui suit les linaments de notre physiologie humaine et vient habiter l'espace de nos mains.
Alors, certaines et certains d'entre nous, rpondant cet appel, ouvrent un cahier et commencent crire...
Monique Lise
Toulouse, le 8 dcembre 2008