Fontainebleau, Son Chteau, Sa Fort Et Les Environs, Moret, Melun: Description Historique,

« Moret évoque comme un avant-goût de l'histoire de Fontainebleau. Les noms que nous allons trouver en marchant sous les chênes, en visitant les roches, les galeries, les appartements, sont les noms qui illustrent Moret.
Louis VII, Charles VI, Charles VII, François Ier, la duchesse d'Etampes, Henri II, Catherine et Marie de Médicis, Henri IV, Fouquet, le bâtard Antoine de Bourbon, sont les personnages du prologue joué à Moret, en attendant que nous voyions la pièce à Fontainebleau.
Louis VII a bâti le château, Jean Goujon a sculpté la maison de François Ier, la duchesse d'Etampes a fait réparer la maison de la reine Blanche, Henri IV a donné Moret à Jacqueline de Beuil pour subvenir aux dépenses d'un enfant qu'elle en eut. Sa dot parut suffisante pour déterminer le marquis de Vardes qui oublia Henri IV et épousa Mlle de Beuil.
Fouquet, ex-propriétaire du château de Vaux qui tomba entre les mains du duc de Praslin, Fouquet, qui tant de fois fit les frais des fêtes de Fontainebleau, fut enfermé dans le château de Moret pour aller de là mourir à Pignerol.
Il y a encore à Moret une de ces cages de fer inventées par le cardinal Labalue pour faire plaisir à Louis XII, et dans l'une desquelles l'inventeur expérimenta l'horreur du supplice qu'il avait imaginé.
L'église est jolie, élégante, d'un bon style; c'est Thomas Beket, archevêque de Cantorbéry qui a consacré l'édifice que remplace aujourd'hui l'église.
Un pont de construction romaine qui traverse le Loing est une preuve matérielle de l'antiquité de la petite ville de Moret; il en est question dans les Commentaires de César.
Mais elle ne prit d'importance que lorsqu'elle devint frontière des États de France et de Bourgogne. Ses fortifications presqu'entières encore aujourd'hui et les vestiges des édifices historiques qu'on y trouve, lui ont conservé une physionomie monumentale et pittoresque qu'on chercherait vainement ailleurs.
Moret est aussi, chaque année, pour les artistes installés dans la forêt de Fontainebleau, un but obligé d'excursion.
Il faut dire qu'il n'y a nulle part un assemblage plus varié et cependant plus harmonieux de constructions. -- À quelques pas de l'abreuvoir, sur la rive du Loing opposée à la ville, on aperçoit une élégante église gothique qui raccorde ses lignes bien balancées, avec une série de toitures groupées dans cette ordonnance heureuse qu'imagine parfois le hasard. La ville est serrée au flanc par une ceinture de murailles crevassées de meurtrières et dont les deux extrémités se rattachent d'un côté à un bastion ouvert en ogive, et de l'autre à une porte inférieure qui débouche en pleine eau au grand ébahissement de ceux qui supposent qu'une porte de citadelle doit rigoureusement, comme celle d'une maison, aboutir au sol. Autrefois les surprises de la défense s'effectuaient par cette issue; on n'y voit plus maintenant sortir que de pacifiques palefreniers conduisant leurs chevaux au bain. La porte militaire est devenue le vestibule d'un abreuvoir ! Un peu en avant, en buttant contre le bastion, est un pont de pierre qui date de Jules César d'un côté, et de la féodalité de l'autre. Entre ces deux monuments séculaires s'élève une jolie fabrique servant de pivot à une roue hydraulique dont les aubes font écumer au passage les eaux du Loing. À gauche en dominant les remparts, une grosse tour carrée panachée de graminées, et dont les larges proportions contrastent avec les délicatesses de l'église, arrête le regard à l'horizon; à droite la rivière s'enfonce dans un paysage fermé par de grands arbres: çà et là, sur les murs, dans les échancrures que le temps a faites aux pierres, végètent ces arbrisseaux des ruines, races vivaces qui poussent on ne sait comment, la feuille et la racine au vent. Tel est l'aspect de Moret qui mire avec complaisance ses teintes brunes dans l'eau limpide répandue à ses pieds. Nous pourrions pousser plus loin la description, et d'une esquisse faire un tableau.