Le Singe de Don Quichotte

Ce livre renouvelle notre comprhension de Marivaux. Il est une contribution lhistoire du roman entre les dix-septime et dix-huitime sicles, et en dfinit conjointement la potique, invitant a transformer nos modes de lecture et dinterprtation de la fiction dancien rgime. Il est centre sur les trois transpositions de Don Quichotte que Marivaux a crites au cours des annes 1710-1720: La Voiture embourbe, Pharsamon ou les nouvelles folies romanesques, Le Tlmaque travesti. Un premier chapitre situe ces livres dans le cadre des uvres de jeunesse de Marivaux et des deux dbats qui opposent classicisme et baroque, Anciens et Modernes. Un dernier dresse une typologie des lectures de Don Quichotte faites au dix-huitime sicle et en montre les enjeux successifs. Lide directrice de postcritique sapplique la situation de Marivaux lgard de Don Quichotte: il dtourne le propos critique de Cervants, dsormais lointain, pour le mettre en rsonance avec la culture de son temps. Dans Le Tlmaque travesti, il attaque, par une pratique ironique de limitation, deux fondements du classicisme, la croyance aux modles et la confiance dans les vertus morales de la littrature. Avec La Voiture embourbe, Marivaux se sert du roman de Cervants pour interroger le nouvel idal aristocratique qui fonde la qualit sur la formation dun style et la familiarit avec la culture, et y devrouvrir un avatar de la folie du mauvais lecteur. Ltude de Pharsamon introduit deux derniers aspects du travail de Marivaux: lexpression du merveilleux qui permet dvoquer lme de ceux qui le gotent, et une stratgie de la navet qui sait donner voix au monde des choses et des humbles.